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Baisse de la masse monétaire: « Pas forcément un mauvais signal »

La masse monétaire du Burkina Faso est en baisse. Entre octobre 2023 et janvier 2024, elle a baissé de 2,3%, soit environ 128 milliards FCFA. Qu’est-ce qui explique que la masse monétaire d’un pays baisse et comment éviter une baisse plus prolongée ? Pour en savoir davantage, L’Economiste du Faso a approché Dr Abdoulaye Siry, Economiste-Enseignant-Chercheur au Centre universitaire de Dori de l’Université Thomas Sankara. Pour lui, « cette baisse n’est pas forcément un mauvais signal sur l’économie du Burkina ». Lisez plutôt !

L’Economiste du Faso : Qu’est-ce qui explique que la masse monétaire d’un pays baisse ?

Dr Abdoulaye SIRY : La masse monétaire d’un pays baisse, lorsque les billets et pièces de monnaie et/ou les dépôts des agents non financiers auprès des institutions financières baissent. Disons que la masse monétaire est censée être sous le contrôle de la Banque centrale. Alors donc, la baisse de la masse monétaire peut résulter simplement d’une politique de la Banque centrale, mais pas exclusivement.

La Banque centrale peut ne pas avoir un contrôle total sur la masse monétaire. Tout dépend des mécanismes de transmission de la politique monétaire. Plusieurs facteurs sont à l’origine des dépôts des particuliers (ménages, entreprises privées) auprès des institutions financières. Il s’agit, entre autres, des crédits que les banques octroient, du taux de rémunération de l’épargne, des exportations et importations, des recettes des entreprises, des entrées de capitaux étrangers, des fonds des migrants, etc. La plupart de ces facteurs, notamment, l’offre de crédits, peuvent être influencés par la politique monétaire au sein du pays ou d’autres pays ou par un financement bancaire du secteur public au détriment du secteur privé.

La masse monétaire du Burkina Faso est en baisse. -2,3% entre octobre 2023 et janvier 2024, soient 128 milliards FCFA en moins sur plus de 5.400 milliards. Quelles appréciations faites-vous de cette baisse ?

La baisse constatée de la masse monétaire, notamment au Burkina, pourrait bien s’expliquer par le durcissement de la politique monétaire de la BCEAO, depuis un certain temps. Notons que pendant la période de COVID-19, la politique monétaire de la BCEAO était très souple : baisse du taux directeur jusqu’à 2%, refinancement intégral des banques commerciales, etc. Mais, après la période COVID, la BCEAO s’est rattrapée avec une politique monétaire assez restrictive. Le taux directeur a considérablement augmenté, atteignant souvent 5,5 %. Le refinancement intégral des banques commerciales dans certains pays n’est plus d’actualité. Comme on le sait dans le mécanisme de transmission de la politique monétaire, cela a des répercussions sur le coût du crédit interbancaire et aussi sur le crédit accordé aux entreprises et ménages. Naturellement, avec la hausse du coût du crédit, les demandes de crédits peuvent baisser et cela affecte négativement les dépôts auprès des banques, d’où une baisse de la masse monétaire.

Cette baisse qui s’observe depuis 4 mois, est-ce un mauvais signal sur l’économie du pays ?

Cette baisse n’est pas forcément un mauvais signal sur l’économie du Burkina. L’accroissement du financement constaté du secteur public au détriment du privé ne changerait en rien la structure de la demande globale. A long terme, les effets d’entraînement des dépenses publiques pourraient être bénéfiques pour la croissance économique du pays, pourvu que les entreprises nationales en profitent. Par ailleurs, il faudra s’interroger sur les motivations de la Banque centrale à mener une politique monétaire restrictive. Comme je l’ai déjà dit, après la politique monétaire accommodante menée pendant la période COVID, il fallait un réajustement de la politique pour éviter d’autres problèmes comme l’inflation. Et pour le cas du Burkina, vous savez bien qu’en 2022, ça n’a pas été facile en termes d’inflation. Alors donc, la politique actuelle de la BCEAO peut se justifier.

C’est vrai que l’inflation est un mal qu’il faut combattre, mais cela peut avoir un coût ou non. L’augmentation des taux d’intérêt et la réduction des crédits qui s’en suivent pénalisent les investissements et cela peut créer du chômage. Mais, tout dépend des modes de financement et de la sensibilité des investissements au taux d’intérêt.

En tant qu’économiste, quels sont les indicateurs clés à surveiller pour éviter une baisse plus prononcée ?

Pour éviter une baisse plus prononcée, la BCEAO pourrait jouer un rôle important en desserrant la politique monétaire, en baissant, notamment, les taux directeurs. Cela pourrait, à court terme, inciter les banques à octroyer les crédits non seulement au secteur public, mais aussi au secteur privé. Il serait aussi nécessaire de veiller à ce que les investissements publics profitent au secteur privé, notamment, national. Cela pourrait accroître la masse monétaire, par le biais des rémunérations. La promotion des exportations au détriment des importations également est un facteur d’accroissement de la masse monétaire.

Propos recueillis par ESS

 

Encadré

Evolution des billets et pièces en circulation

La DGEP, qui suit l’évolution de la masse monétaire, explique que cette baisse entamée depuis octobre 2023 est perceptible tant au niveau des dépôts que des crédits. Sur le volet des dépôts, la baisse est plus sensible dans les banques commerciales. Une baisse de 4,8% qui représente 97,9 milliards FCFA. En dehors des banques commerciales, la baisse est aussi perceptible au niveau des billets et pièces en circulation. Ainsi, en janvier 2024, la DGEP a constaté une baisse de 0,02% des billets et pièces en circulation sur le territoire national. Elle représente 20,2 milliards FCFA, par rapport à octobre 2023.

La baisse de la masse monétaire est aussi perceptible au niveau des dépôts à terme (DAT) et comptes d’épargne à régime spécial ouverts auprès des banques. En un trimestre, les Burkinabè ont réduit leurs dépôts de 0,5%, soient 11,1 milliards FCFA.

Au niveau des « contreparties », à savoir les crédits, la DGEP constate que la quantité de monnaie en circulation est expliquée, d’une part, par le reflux des encours de crédits à l’économie. Ainsi, le volume des crédits alloués en janvier 2024 a baissé de 13,3 milliards FCFA, soit -0,3%). D’autre part, cette diminution s’explique aussi par le grossissement des autres postes nets (+160,9milliards FCFA, soit +30,3%). La baisse a été atténuée par le dégonflement des passifs à caractères non monétaires, notamment, des engagements non monétaires des institutions de dépôts envers les autres secteurs (-47,3milliards FCFA, soit -3,0%) et le relèvement des avoirs officiels de change (+4,5. milliards FCFA, soit +0,3%).

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RAF

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