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Cci-BF : Les frondeurs toujours pas satisfaits

C’est bien, mais ce n’est pas arrivé ! L’expression est bien connue des milieux commerçants pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec un client sur un prix. C’est exactement le même langage que le «Collectif des professionnels de l’industrie, du commerce et des services, des organes de la société civile» essaie de tenir après la décision prise en Conseil des ministres, le 17 décembre, de dissoudre l’Assemblée consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie (Cci-BF).

Outre la dissolution, le Conseil a également marqué son accord pour «la mise en place d’une délégation spéciale composée de 5 membres, prenant en compte les différentes composantes (Ndlr : commerce, industrie, services) de la Chambre de commerce et l’organisation des élections consulaires dans un délai de 6 mois à compter de la date de dissolution».
Victoire pour le Collectif des commerçants protestataires ? D’après eux, c’est «Oui! mais pas totalement». Ils ont, en effet, salué la décision de la dissolution et celle concernant l’organisation de nouvelles élections dans un délai de 6 mois. Ces points faisaient partie de leurs doléances résumées en 4 points. Lors d’une conférence de presse organisée le vendredi 19 décembre, le Collectif a estimé que toutes ses revendications n’ont pas été satisfaites ou du moins toutes les décisions prises ne vont toutes dans le sens voulu.
En lieu et place «d’un comité ad’ hoc élargi de transition» souhaité, le Gouvernement a décidé de la mise en place d’une délégation spéciale de 5 membres. «Insuffisant» pour le Collectif qui demandait un comité de 32 personnes représentant, non seulement les différentes composantes (commerce, industrie et services), mais aussi les 13 régions du pays. Par ailleurs, le point concernant «l’entame immédiate de l’audit financier des 10 dernières années de fonctionnement de la Cci-BF» n’apparaît pas clairement dans la décision du Gouvernement. Les commerçants ne sont également pas rassurés quant à une éventuelle relecture des textes organiques, également revendiquée.
Sur l’ensemble des points d’insatisfaction, ils ont promis de rester mobilisés et d’œuvrer à obtenir gain de cause. C’est une attitude qui va dans le sens des orientations que le Collectif s’est donné dès sa naissance. C’est-à-dire «un organe indépendant, apolitique, non violent et qui entend rester un organe de veille auprès de la Cci-BF».
De son côté, l’instance administrative, qui gère le fonctionnement opérationnel de la Cci-BF, c’est-à-dire la Direction générale, a promis d’engager un dialogue inclusif, de communiquer davantage et d’associer le Collectif aux futures réflexions. Elle a promis notamment de l’associer à la relecture des textes, qui devrait avoir lieu.
A la faveur du changement politique intervenu avec l’insurrection populaire, ce Collectif regroupant des acteurs du commerce avait estimé que le moment était également propice de procéder à une réorganisation profonde de l’institution consulaire. Les commerçants contestaient non seulement la composition du bureau de l’Assemblée consulaire, mais également la gouvernance de cet organe.
Après des rencontres d’informations et de sensibilisation dans les régions mais aussi des déclarations dans la presse et remises aux autorités, le ton commençait à monter. En témoigne le rassemblement de protestation organisé le 12 décembre dernier devant le siège de la Cci-BF.
Un ultimatum avait été donné pour que la décision de la dissolution soit prise au plus tard le lundi suivant la date du 12 décembre. Menace prise au sérieux.
Le dimanche 14 décembre, la télévision nationale a fait défiler un message signé de Martin Sawadogo, l’un des délégués de la protestation, qui annonçait l’annulation de la protestation du lundi 15. D’après cette information, le Premier ministre Zida, qui a reçu les délégués au cours du week-end, les a rassurés et a promis de trouver une solution dans la semaine à venir. Promesse tenue. En effet, le Conseil des ministres du 17 décembre, conformément aux statuts de l’institution consulaire, a adopté «un rapport relatif à la dissolution de l’Assemblée consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso et l’organisation de nouvelles élections».
Karim GADIAGA


 

Qui peut être électeur ou candidat ?

– Etre inscrit sur la liste électorale ;
– être âgé de 21 ans au moins au 31 décembre 2012;
– résider en permanence au Burkina Faso ;
– être inscrit au registre du commerce et du crédit mobilier depuis au moins deux ans et avoir exercé au Burkina Faso pendant la même durée;
– être à jour de ses obligations fiscales et sociales, au regard des dernières attestations de situations exigibles par le fisc et la Caisse nationale de sécurité sociale ;
– n’avoir pas été condamné à une peine de déchéance ou à une sanction susceptible d’entacher leur honorabilité ou à une interdiction d’exercer une activité commerciale ;
– pour les mandataires sociaux, justifier que l’entreprise réunit au moins deux années d’activités.


Un processus de réorganisation à «parfaire»

L’assemblée consulaire dissoute le 17 décembre avait été élue pour un mandat de 5 ans (2013 à 2018). C’était au terme d’un processus de réorganisation et de dynamisation de l’institution, qui avait permis de concrétiser la volonté d’étendre la Cci-BF aux 13 régions et aux 45 provinces du pays. Les différentes composantes de l’activité économique ont été effectivement représentées à la hauteur de leur poids réel. L’Assemblée plénière est passée de 87 à 123 membres. Le Bureau consulaire, de 13 à 22 membres. Le changement était déjà appréciable. Mais là où on pouvait remarquer un bémol, c’est sur les conditions de participations aux élections. Le secteur informel, la plus large composante de la vie économique, est exclu par les critères. Des critères jugés trop limitatifs par le Collectif.

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